Péril en la nation : le tout sauf Foutah ou le projet de l’échec

26 décembre 2020 - Chers compatriotes,Notre pays est en danger, en danger de perdre sa capacité à se fonder un socle national, par le fait du fascisme intolérable des incendiaires nostalgiques des épisodes les plus sombres de notre demi-siècle d’indépendance.Ce...

Péril en la nation : le tout sauf Foutah ou le projet de l’échec

Chers compatriotes,

Notre pays est en danger, en danger de perdre sa capacité à se fonder un socle national, par le fait du fascisme intolérable des incendiaires nostalgiques des épisodes les plus sombres de notre demi-siècle d’indépendance.

Ces ennemis de notre Unité ne se voient de pires ennemis que d’autres Guinéens. Et, Imperméables à la notion de citoyenneté, l’exclusion de l’autre et la solidarité intra ethnique est et demeure leur seule vision politique.

Ils ont fait tant et si bien que seuls deux projets de société, également funestes, émergent finalement dans le fatras et le fracas de la décrépitude de ce que nous continuons d’appeler notre pays, alors que tous ensemble, par notre activisme ou notre passivité, nous devenons les fossoyeurs de l’entente et de la concorde qui font le ciment de toute nation. Ces deux projets émergeants se sont mis en œuvre en s’exprimant ainsi, avec toute leur force dévastatrice, nourrie par nos faiblesses réciproques:

· Tout sauf Foutah

· Rien d’autre que le tour du Foutah.

1. Le projet du « tout sauf Foutah » ou la culture de la division :

Certains compatriotes se sont trouvé pire ennemi que la maladie, l’analphabétisme, la malnutrition et l’incivisme des hommes en armes, assassins de citoyens aux mains nues.

Ils n’ont aujourd’hui qu’un seul ennemi, les peuhls ou, plus généralement le Foutah.

Ces compatriotes mal inspirés, se trompent et en entraînent d’autres dans une pente funeste pour l’espérance d’une nation guinéenne qui reste encore à porter sur des bases solides. Ces compatriotes colportent un projet génocidaire.

De la même manière qu’en tant que malinké, soussou, guerzé, kissien, landouma, toma ou autre nous n’accepterions jamais que notre ethnie ou région soit l’objet d’opprobre ou vindicte d’où qu’elle vienne, de cette même manière, en tant que guinéen, aucun d’entre nous ne doit permettre qu’aucune autre ethnie guinéenne ne soit impunément mise à l’index par quel qu’individu ou groupe d’individus que ce soit.

Ceux qui, aujourd’hui, stigmatisent le Foutah sont des vecteurs de haine, des facteurs de division, des agents de destruction, des instruments de dévastation de notre bien commun, la patrie guinéenne.

Il devrait en être de même pour le Foutah que pour les autres parties de la Guinée : notre conscience, nos convictions, lorsqu’elles visent la

nation, lorsqu’elles abjurent la haine, doivent nous révolter contre ce fléau supplémentaire, cette déchéance surérogatoire, cette si grande

pauvreté intellectuelle qui blesse notre patrie au lieu de la panser d’un demi siècle de plaies accumulées, de blessures portées par l’ignorance

et l’aveuglement de ceux dont le moteur politique s’est réduit à la peur, à la frilosité et à l’absence de toute dimension nationale dans leur vision politique.

Notre pays ne peut se permettre d’encourager ce projet si nous voulons bâtir la Guinée, car il n’y a pas de Guinée sans le Foutah Djallon, du moins pas la Guinée qui fonde notre patriotisme.

De même que la Guinée ne saurait être la prochaine proie de ceux qui tiennent, au Foutah même, des discours fractionnels, de cette même façon, le Foutah ne saurait être la victime d’aucune cabale stigmatrice de cette région qui est aussi guinéenne que les autres, et qui n’a aucunement vocation d’être au ban de la République.

Faut-il rappeler ici que le Foutah n’a jamais constitué une entité autarcique dans notre pays ? Et si le brassage inter ethnique est en Guinée une incontestable réalité, le Foutah y a toujours largement et couramment contribué et l’a pratiqué à son plus haut niveau, aussi loin qu’on remonte et à son plus haut niveau, notamment dans sa

période théocratique, quand on sait par exemple que la mère de Alpha Yaya DIALLO était malinké, tandis que celle de ALMAMY Bocar Biro était soussou ? Qui fit mieux?

Le Foutah est résolument et absolument au cœur de la Guinée tout comme la Guinée est au cœur du Foutah, au même titre qu’au cœur des autres régions naturelles, ni plus, ni moins, n’en déplaise aux fossoyeurs de la Guinée, qui ont tout intérêt à nous diviser pour régner, à la mode de ce que nous avons connu, 50 années durant…

2. La vision du « Rien d’autre que le tour du Foutah» ou la culture du repli identitaire :

La peur rampante de l’autre, la méfiance réciproque ou, quelquefois, le manque atterrant d’empathie pour les autres a, depuis trop longtemps été le programme ou le moteur politique de ceux qui n’ont pas encore compris que la Guinée est, qu’on le veuille ou non, vouée à s’unir ou à périr, malgré tout le potentiel dont dispose notre pays.

Les régimes successifs ont consolidé, depuis 50 ans, un socle d’exercice du pouvoir caractérisé par le fait ethnique, notamment dans la hiérarchie militaire : nous sommes dans un système de gouvernance qui perdure depuis l’indépendance de la Guinée, et que la volonté de changement peine à liquider. Ce système aura finalement réussi à perdurer, en se reproduisant jusqu’à nos jours par le biais l’agent mortifère du clivage ethnique, cette glue qui, tapie au fond de nos consciences, piège et enserre les esprits les plus brillants de notre pays.

Certaines de ces consciences aiguisées et subtiles par ailleurs, s’éteignent, s’embrouillent ou se vautrent dans la fange abjecte du communautarisme le plus outrancier, nourrissant, face à eux, les marchands de haine qui n’ont jamais réussi à déverser sur le pays que leur fiel, malgré tout le miel qu’ils promettent de faire couler dans leurs « fiefs ».

Ce sont ceux-là, qui, en cultivant le repli identitaire, nourrissent des sentiments de défiance que certains guinéens prônent avec véhémence.

Cette défiance (défensive ou offensive), est indigne de tous ceux qui se positionnent et parlent au nom de la Guinée. Elle est le socle d’une inacceptable stigmatisation…

Force est de convenir que si la stigmatisation des autres est un fait largement pratiqué par l’ensemble des ethnies de Guinée, le syndrome du « tout sauf Foutah » met cette région dans un cas particulier qui mérite que l’on s’y penche Le Foutah fut en effet l’objet d’une singulière et bien condamnable attaque en règle de la part du chef de l’Etat en 1976, dans une campagne acerbe et inique conduite contre « le cas particulier du Foutah », donnant « cours légal » à l’ostracisme anti-peuhl qui semble

avoir bien prospéré depuis lors.

Si un tel ostracisme est éminemment nuisible pour tous, c’est au Foutah même, qu’en réaction, il semble avoir provoqué des conséquences aux effets cataclysmiques, chez ceux qui, d’abord victimes, se rendent aujourd’hui coupables de tous les compromis, voulant faire avancer leur cause coûte que coûte, même en cassant la

Guinée, même en sacrifiant les intérêts supérieurs de la nation à des arrangements sans vision, pourvu, se disent-ils, que ce soit « le tour du Foutah ».

Ainsi cultive-t-on un instinct grégaire par réaction, portant, par cela, une atteinte grave à l’unité et à la perspective d’une véritable culture démocratique dans notre pays. N’en soyons pas dupes, et ceux là se fourvoient dans l’impasse.

La peur des uns s’allie au cynisme des autres, et certains, au nom du Foutah, exploitent les fautes politiques et morales de ceux qui nous ont divisé et continuent de nous tromper pour maintenir notre pays dans l’impasse afin de profiter ou exercer du pouvoir, malgré leur incurie. Ils créent et encouragent le grégarisme.

Mais ce grégarisme, qui nourrit le projet « rien d’autre que le tour du Foutah », ne saurait nullement se justifier, car totalement contre productif pour le Foutah d’abord, dans la mesure où il donne prise et arguments (même fallacieux) à ceux dont le seul projet est le « tout sauf Foutah ».

C’est pour cela qu’il est condamnable de mobiliser le Foutah autour de la malheureuse notion du « notre tour », car, tout comme d’autres parties de la Guinée, le Foutah recèle des patriotes suffisamment valeureux pour ne pas devoir attendre un quelconque « tour » afin de relever les défis qui se posent à la Guinée en tant que nation, des patriotes capables de s’engager à la conquête du devoir, de la responsabilité partagée, et du pouvoir qui en découle, celui de changer notre destin, ensemble, en même temps et partout, sans ni souscrire, ni céder à la notion de tour. La notion du « tour » est foncièrement non démocratique, et procède d’un esprit d’arrangement, congénitalement inconciliable avec celle du suffrage universel, car il signifie aussi que le « droit à conduire » le pays serait périodiquement fermé à certains citoyens et réservé à d’autre, en fonction de leur origine.

Un tel système, discriminatoire par essence, serait contraire à la légitimé de ceux qui seraient ainsi élus, dans une logique qui resterait celle des fiefs électoraux régionalistes.

Le vrai combat que je vous invite à mener, au Foutah et en dehors, partout en Guinée est celui qui s’impose contre l’inacceptable, et cet inacceptable est l’autre projet, celui du « tout sauf Foutah ».

Keita Sidikiba

Par DMN Diallo

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